Publié 12/07/2023
Le point de vue de Lionel le Maux, président du Transition Forum
Plus personne n’ignore les enjeux de la transition énergétique et écologique en cours. Mais les défis pour y répondre sont immenses et exigent d’atteindre des objectifs très ambitieux de réduction de nos consommations et émissions de gaz à effet de serre dans les plus brefs délais. Les solutions sont souvent déjà disponibles.
Encore faut-il orchestrer parfaitement leur mise en œuvre sur le territoire pour qu’elles répondent durablement et de manière cohérente aux enjeux. Et pour ce faire, il faut unir les forces. Industriels, investisseurs, pouvoirs publics, start-ups, chercheurs, associations et société civile doivent donc travailler de concert pour parvenir à une alchimie accélératrice de la transition.
Pour Lionel Le Maux, fondateur et président du Transition Forum, c’est évident : la transition à mener se fera autour de communautés d’acteurs investis ou ne se fera pas. Entretien.
TABLE DES
MATIÈRES
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Pourquoi avoir créé le Transition Forum en 2018 ?
En tant qu’investisseur dans la transition écologique depuis près de 15 ans, j’ai pu observer de près les modes opératoires à l’œuvre dans les projets. Et deux constats m’ont frappé. D’abord, la transition écologique est très matérielle. Nouveaux outils industriels décarbonés ou installations de production d’énergie verte, on parle d’investissements physiques sur le territoire. Puisqu’ils sont matériels, les projets à mener sont donc – 2e constat - écosystémiques, c’est-à-dire qu’ils font intervenir un grand nombre d’acteurs sur un territoire donné : des décideurs privés et publics, des financeurs, la société civile…Or, impossible de nager chacun dans son couloir de nage : si tous ces acteurs ne raisonnent pas en écosystème, l’investissement échoue ou n’aboutit pas aux résultats escomptés.
Il m’a donc semblé nécessaire de créer un espace où il soit possible de retrouver cette diversité et d’interagir ensemble avec une volonté commune d’agir pour la transition écologique. Transition Forum, c’est donc une association mais aussi des évènements nationaux et régionaux. C’est aussi un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) qui a permis l’année dernière d’étudier 140 projets innovants et de désigner 5 lauréats, lesquels ont pu bénéficier d’un mentoring à la fois de nos équipes d’investissements et de la Banque des Territoires.
Le Transition Forum vise donc à faire vivre ces écosystèmes, autour des projets, en amont et en aval, et à faire émerger des projets pour aller plus vite et de la bonne manière.
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En quoi rassembler une communauté peut « mieux » servir cette transition, l’accélérer même ?
Dans la transition écologique, il y a beaucoup de parties prenantes car les enjeux et défis sont sociétaux, techniques, économiques, financiers, d’intégration public/privé... C’est pour cela qu’il faut travailler en écosystème pour s’assurer de mettre en œuvre la solution qui répond le mieux à tout, qui soit vraiment durable donc, et ce dès le début. Un projet de transition ambitieux et vraiment durable suppose en effet de se mettre en commun le plus tôt possible. Il faut être en mesure de lever les verrous rapidement.
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Comment fait-on pour mettre autour de la table des acteurs aux métiers, aux contraintes et aux enjeux économiques très variés, voire, opposés sur le papier ?
Au sein du Transition Forum, on leur fait cette promesse de rencontres auxquelles ils adhèrent intellectuellement. Et sur deux jours, avec un diner de gala, on les fait se rencontrer entre les tables rondes, au cours de tables rondes, et ainsi on crée du lien.
Sur le terrain, ce n’est pas forcément plus difficile. Une fois que vous avez trouvé un projet concret qui les réunit, le plus grand pas est franchi. En réalité, quand les gens rentrent dans un projet, ils rentrent dans sa mise en œuvre, s’investissent donc.
Le véritable point d’attention à avoir, c’est de bien faire comprendre à chacun que sur un projet donné, il y a besoin de se parler très en amont, même si un volet du projet sera mis en œuvre plus tard par une partie des acteurs engagés. On ne peut pas se contenter de donner son avis quand c’est son tour.
Sur un projet, on peut avoir des acteurs qui vont financer ensemble le projet, on peut avoir des financeurs d’un côté et un opérateur de l’autre. On peut parfois avoir un soutien du public dans un projet entièrement privé. Donc c’est comme pour le casting d’un film, pour que le projet avance le mieux possible, il faut définir précisément les premiers rôles, les seconds rôles, ceux qui ne s’occuperont que de la technique, etc. Il faut donc prendre le temps très en amont de bien répartir les missions et de s’assurer que chacun sait bien ce qu’il a à faire. La coopération en amont est clé. C’est parce que très tôt vous faites accoucher le projet en posant le constat, les conséquences, les rôles, le calendrier, que le projet s’enclenche bien et sera porteur pour la transition écologique.
De plus, comme les projets sont très territoriaux, on a tout intérêt à identifier un ou plusieurs acteurs qui ont un ancrage local pour cibler les gens avec qui travailler, et prendre en compte le contexte et la culture locale. S’associer à un « parrain » ou une « marraine » en qui vous avez confiance et qui vous donnera les bonnes clés de lecture pour inscrire convenablement le projet sur le territoire en question.
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Quelle place prennent l’innovation et la technologie dans la mise en œuvre de ces alliances accélératrices de la transition écologique ?
L’innovation ou les technologies digitales sont des outils et sont donc une composante des projets de transition écologique. Mais on ne part pas de la technologie. On part du projet, de son intérêt pour un territoire et ses défis. Cela veut dire que la transition n’existe pas sans ancrage. Et ce qui va déterminer la force du projet c’est la volonté des dirigeants des entreprises clientes des projets, dans lesquels METRON pourrait être intégré, de devenir Net Zero par exemple. La technologie est au service de cette vision. Mais si les gens ne sont pas investis, n’affichent pas une volonté forte, technologie ou pas, la transition écologique n’aura pas lieu.
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Enfin, la communauté permet aussi de renforcer la vision qu’a chacun de la transition et de mieux la partager non ?
C’est évident. Il y a un effet réseau en fait. Plus vous avez de personnes qui vont interagir entre elles, plus d’autres acteurs vont être attirés pour venir trouver des solutions, des opportunités et co-construire des projets. Néanmoins, comme je le soulignais, l’essentiel de la transition écologique se traduit aujourd’hui par une multiplicité de petits projets diffus sur le territoire. Cet ancrage local doit être pris en compte pour créer des écosystèmes gagnants.
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